Villars-Gryon

Que ferait Jésus aujourd’hui ?

Quand on vient d’un pays qui a connu des tensions interethniques, des guerres et le génocide, on devient très sensible à tout geste de rejet et d’exclusion.  Tout geste qui va dans ce sens est vite ressenti comme mortifère.

Si je suis devenu prêtre, c’est que j’ai rencontré Quelqu’un qui n’exclut personne : Jésus. Je l’ai suivi parce qu’il m’a redonné le goût de vivre après avoir traversé les ravins de la mort. C’est Lui que j’essaie d’imiter chaque jour malgré mes faiblesses. Il m’envoie annoncer sa Parole dans le monde d’aujourd’hui.

Notre monde est traversé par des lignes de fracture toujours plus visibles : tensions identitaires, rejet de l’étranger, suspicion envers ceux qui ne partagent pas nos croyances, etc. La diversité religieuse ou culturelle, au lieu d’être accueillie comme une richesse, devient trop souvent le prétexte à la peur et au repli sur soi. Dans ce climat troublé, une question m’habite : que ferait Jésus aujourd’hui ? Et surtout, que me demande-t-il de faire, comme disciple ?

À ce propos, les Évangiles nous offrent des réponses profondes. Jésus, tout au long de son ministère, a franchi les frontières visibles et invisibles, a accueilli les exclus, a refusé de juger selon les apparences et a annoncé un Royaume fondé sur l’amour miséricordieux de Dieu pour chacun.

Ainsi donc, à l’heure où l’intolérance gagne du terrain, l’ouverture n’est pas un luxe : c’est un impératif évangélique. Jésus n’est pas resté enfermé dans le confort de son groupe de Juifs. Il a osé aller à la rencontre de ceux que la société tenait à l’écart. Il nous a appris que la tolérance évangélique n’est pas un simple « vivre et laisser vivre ». C’est plutôt un engagement du cœur, un refus de juger trop vite, une volonté de tendre la main.

Comme prêtre, je rêve d’une Église qui ose aller dans ce sens. Une Église où chacun peut avoir sa place, baptisé ou non-baptisé. L’amour évangélique ne s’arrête pas à nos cercles familiers ou communautaires. Il ose aimer ceux qui nous dérangent, nous menacent même, non pas par naïveté, mais par fidélité au Christ.

Damien Niyoyiremera