« Que ton cœur ne se trouble pas » (Jn 14,1)

Le pape François est entré dans la Vie. Celui qui, un soir de mars 2013, s’était incliné devant le peuple assemblé sur la place Saint-Pierre pour lui demander sa bénédiction, vient de remettre son âme entre les mains de Celui qu’il n’a cessé de désigner comme « le Dieu de tendresse et de miséricorde ».

Ce geste inaugural – presque déconcertant par sa simplicité – annonçait déjà le style d’un pontificat tout en humilité, en proximité, en appel constant à ce que l’Évangile devienne une réalité vécue au cœur du monde. En lui, l’Église retrouvait le ton pastoral de la prière partagée, des gestes prophétiques, des silences habités.

Un autre moment nous revient avec une intensité toute particulière : le 27 mars 2020. Alors que l’humanité vacillait sous la menace invisible de la pandémie, François se tenait seul, fragile et droit, sous la pluie sur la place vide de Saint-Pierre. Seul, et pourtant porté par des millions d’âmes suspendues à son intercession silencieuse. Ce soir-là, dans la stupeur du monde, il avait levé l’hostie comme un veilleur d'espérance.

Et comme un dernier testament spirituel, sa lettre sur le Sacré-Cœur, écrite quelques semaines avant sa mort, demeure un appel ardent à laisser le Christ régner dans nos vies, non comme un souverain dominateur, mais comme un feu intérieur de miséricorde et de vérité. Il nous y redisait que le cœur de Dieu bat pour l’homme, et que toute réforme de l’Église commence dans le cœur de chacun.

Aujourd’hui, l’Église se recueille. Elle pleure un père, un pasteur, un témoin. Mais elle ne désespère pas. Car si la barque de Pierre semble s’arrêter un instant, c’est pour mieux entendre Celui qui murmure au cœur de la tempête : « N’ayez pas peur ».

En ce mois de mai, consacré à Marie, nous sommes invités à prier avec ferveur pour les cardinaux appelés à discerner un successeur à saint Pierre. Que l’Esprit-Saint, dans la lumière de la Vierge fidèle, inspire à l’Église un pasteur selon le cœur du Christ.

François a quitté la scène de ce monde comme il y était entré : dans une attitude de foi silencieuse, laissant place à Dieu. Qu’il repose en paix, lui qui nous a enseigné que « la réalité est plus importante que l’idée », et que la joie de l’Évangile vaut plus que tous les discours.

Abbé Jean-Marc Nemer