auteur: Abbé Jean-Marc Nemer
image: Freepik
« Nous proclamons un Christ crucifié, scandale pour les uns, folie pour les autres, mais pour ceux qui sont appelés, puissance et sagesse de Dieu » (1 Co 1, 23-24).
La Croix n’est pas un échec. Elle est le sommet de l’amour divin, le lieu où ce qui semblait une défaite se révèle comme la victoire silencieuse de Dieu.
Parmi ceux qui nous aident à approcher ce mystère se tient Nicodème. Il est venu à Jésus de nuit, portant le poids de ses questions et la dignité d’un chercheur sincère. Il n’est pas venu pour le mettre à l’épreuve ni pour le piéger, mais pour l’écouter. Il s’est laissé attirer dans un véritable dialogue. Il a entendu. Il a réfléchi. Et il a cru. Lentement. Sa foi n’a rien eu de spectaculaire ; elle fut discrète, patiente, réelle. Pas à pas, la lumière a dissipé les ombres de son esprit. Et lorsqu’il s’est tenu près de la Croix, les mains chargées de myrrhe et d’aloès, la nuit avait disparu. Celui qui cherchait des réponses avait offert son cœur. Le chercheur était devenu témoin.
La figure de Nicodème éclaire le sens de la Croix : contempler le Crucifié ne consiste pas à glorifier la souffrance, mais à reconnaître qu’aucune souffrance humaine n’est étrangère à Dieu, et que l’amour est plus fort que la mort. Sur le bois de la Croix, Jésus transforme la violence en pardon et la mort en source de vie. Ce qui paraissait stérile devient fécond ; ce qui semblait perdu devient chemin de salut.
Embrasser la Croix, c’est alors apprendre à relire notre propre histoire à la lumière de cet amour. Chaque épreuve, chaque blessure peut devenir un lieu de grâce, si nous les offrons au Christ. Comme le serpent de bronze élevé par Moïse guérissait ceux qui le regardaient, ainsi le regard tourné vers Jésus ouvre nos yeux et guérit nos cœurs. La Croix devient un miroir : elle révèle notre fragilité, mais aussi la puissance de la miséricorde divine.
Cette lumière n’écrase pas ; elle relève. Elle ne condamne pas ; elle libère. La Croix n’est pas un fardeau à subir, mais un signe de dignité et de salut. Elle nous rappelle que nous ne sommes jamais seuls : le Christ porte nos fardeaux avec nous et fait briller sa clarté dans nos ténèbres.
Levons donc les yeux, non vers un bois mort, mais vers le Vivant qui s’y est livré par amour. De ses blessures jaillit la guérison. De la Croix rayonne la lumière. En elle, nous trouvons la paix, la confiance et une joie qui ne déçoit jamais.
document en PDF: CroixGlorieuse-JMN-Sept2025
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