Pour les Adultes
Personnes de références
Présentation
Former, partager, accompagner, développer
Voici la liste des compétences qui sont autant de défis que le département Adultes de l’Eglise catholique dans le canton de Vaud propose à travers ses multiples activités.
Une des caractéristiques de la vie adulte tient à son parcours non linéaire, constitué de multiples changements et de choix auxquels la personne aura à faire face. Etre présent lors de ces étapes est la mission du département Adultes.
Une équipe et des domaines variés
Pour réaliser ce projet, une équipe offre une palette d’activités dans des domaines variés.
Animer des parcours de formation d’adultes
Proposer un temps d’accompagnement
Être à l’écoute lors de crise
Partager autour de la Bible
Poser des bases solides lors d’une préparation au mariage
Superviser des équipes
Dialoguer avec d’autres traditions religieuses
Former des futurs catéchistes
Ces activités sont autant d’occasions offertes qui permettent aux personnes de s’adapter à de nouveaux rôles, développer des compétences, relever des nouveaux défis, résoudre des situations difficiles et préparer l’avenir.
Le chrétien y trouvera le moyen d’approfondir sa foi et sa relation avec Dieu, le chercheur de sens, des possibilités de mûrir sa réflexion, et l’homme de la rue, une ouverture à une tradition religieuse qui a façonné notre culture.
Activités
FORMATION
Le catalogue des nouvelles offres de formations en Église vient de paraître ! De septembre 2022 à juin 2023, ce sont plus de 40 formations ouvertes à toutes et tous qui sont proposées par le Département formation et accompagnement des Adultes de l’Eglise catholique dans le canton de Vaud.
Un programme varié pour imaginer un futur différent
Approfondissement biblique, accompagnement spirituel, parcours et ateliers, offres pour les couples et familles, en visio ou en présentiel, ce programme varié est au service d’une seule mission : proposer des formations orientées vers l’Eglise du 3ème millénaire.
Informations et modalités d’inscription
Le programme détaillé des offres de formations est disponible en cliquant ici. Il est également possible de consulter les formations détaillées via la page dédiée.
Le délai d’inscription est de 10 jours avant la date (min. 8 pers.) par e-mail auprès du formateur cité.
Pour plus d’informations : service.formation@cath-vd.ch
VIE SPIRITUELLE
Le Service de la vie spirituelle offre différentes activités aux croyants qui, au cœur de leur vie quotidienne, aspirent à un approfondissement de leur relation au Christ et à une prière renouvelée. Pour bénéficier d’un accompagnement spirituel : service.formation@cath-vd.ch
De septembre à décembre 2021, le père Luc Ruedin, jésuite et formateur d’adultes, propose six offres de formation axées sur la vie spirituelle. Conférence, excursions, méditations ; entre Lausanne, Romainmôtier et la Valsainte, elles sont à découvrir en cliquant ici.
Mais aussi
A l’imitation des mages de la crèche
(ou bien : Des présents qui disent une présence)
Venus du lointain Orient, les mages apportent à l’Enfant-Dieu des présents : l’or, l’encens et la myrrhe. Quel sens donner à ces trois cadeaux ? la réponse la plus commune est aussi l...
(ou bien : Des présents qui disent une présence)
Venus du lointain Orient, les mages apportent à l’Enfant-Dieu des présents : l’or, l’encens et la myrrhe. Quel sens donner à ces trois cadeaux ? la réponse la plus commune est aussi la plus ancienne et nous vient de st Irénée de Lyon (fin du 2ème siècle) : « la myrrhe signifiait que c’était lui qui, pour notre race humaine mortelle, mourrait et serait enseveli ; l’or qu’il était le roi dont le règne n’aurait pas de fin ; l’encens, enfin, qu’il était le Dieu qui venait de se faire connaître en Judée et de se manifester à ceux qui ne le cherchaient point », ce qu’Ambroise de Milan (IVème siècle) résumera en une formule lapidaire : « l’or est pour le roi, l’encens pour Dieu et la myrrhe pour le mort ». Une interprétation plus morale viendra ensuite avec une homélie faussement attribuée à Jean Chrysostome « ayant ouvert les trésors de leurs cœurs, ils reçurent la foi, qui resplendit comme l’or ; l’espérance, qui a le bon parfum de l’encens ; la charité qui, comme le myrrhe, tient ensemble les membres de l’Eglise ».
Ces cadeaux sont donc porteurs d’une valeur symbolique qui va bien au-delà de leur valeur marchande ; ils expriment déjà une confession de foi en Celui qui est leur destinataire et une orientation pratique qui donne sens à la relation établie entre le Christ et ceux qui viennent l’adorer. Une tradition ultérieure, en particulier artistique, verra dans les mages, une représentation des trois âges de la vie et des trois continents du monde connu.
Comme le signifie le terme « présent » en français, les cadeaux que nous offrons à Noël disent la qualité d’une présence, d’une relation. Ils viennent rappeler les liens familiaux qui nous unissent à travers les générations et malgré les conflits et séparations du quotidien. Ils nous rappellent que nous nous recevons les uns des autres. Dans une société consumériste qui nous rend dépendant du dernier gadget à la mode, saurons-nous choisir le ou les présents qui diront l’importance d’une Présence ? Parfois, ce sera tout aussi signifiant d’offrir un album photo-souvenir, un voyage inter générationnel, du temps de convivialité ou une retraite spirituelle que bien des objets qui viendront encombrer nos placards.
Vivre Noël à la manière des mages, c’est oser se mettre en route en levant les yeux pour suivre l’étoile et finalement s’incliner devant le plus petit et vulnérable qui soit… un beau chemin de conversion pour vivre Noël autrement !
Le "Notre Père"
Cela peut paraître paradoxal mais le mystère de Marie éclaire d’une façon originale le mystère de la paternité divine. En étant unie au Verbe fait chair, elle illustre par sa vie l’efficacité et la fécondité de la Parole de Dieu et j...
Cela peut paraître paradoxal mais le mystère de Marie éclaire d’une façon originale le mystère de la paternité divine. En étant unie au Verbe fait chair, elle illustre par sa vie l’efficacité et la fécondité de la Parole de Dieu et jette une lumière particulière sur notre filiation. Sa maternité divine dévoile quelque chose de la paternité de Dieu à l’égard du Fils dont nous sommes les frères.
Ainsi le Père, tout en se révélant en son Fils – à travers sa vie et sa Pâque – demeure voilé et discret au point que Jésus, juste avant de rendre son dernier soupir, peut s’écrier : « Pourquoi m’as-tu abandonné ? » Le Père est, bien évidemment, présent : « celui qui m’a envoyé est avec moi ; il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui plaît » (Jn 8, 29). Cependant Il reste caché afin que toute la consolation vienne à l’Agneau de celle qui Le « suit partout où Il va » (Ap 14, 4), en l’occurrence jusqu’à ce moment où elle devient l’épouse de Jésus crucifié.
Au pied de la Croix, Marie est mystérieusement associée à l’œuvre que le Père a confiée au Fils pour être menée jusqu’à la fin. Et c’est précisément au moment où elle est si intimement unie à Jésus qui s’en va vers le Père, que – par une Parole – le Christ scelle entre elle et Jean une alliance qui concerne l’Eglise, ce peuple nouveau, et par voie de conséquence, chacun et chacune d’entre nous.
Considérant que le Père est extrêmement discret car invisible, le risque d’avoir une dévotion débordante à son égard est bien moindre qu’à l’égard de Marie. Elle est des nôtres et l’on oublie facilement le fondement réel de notre relation avec elle. Ce n’est sûrement pas une excellente ou médiocre relation – que l’on a pu connaître ou non – avec notre propre mère qui peut en être la source. Ce rapport humain ne peut pas non plus déterminer la qualité de notre rapport avec Marie. A la rigueur, ce dernier peut être conditionné d’une manière ou d’une autre par le premier – et selon notre vécu – rendu plus facile ou moins aisé. De toute évidence, notre relation à la Mère de Dieu est d’un tout autre ordre : elle est le don du Christ crucifié, une grâce de participation à la Miséricorde de Dieu en faveur de tous les enfants du Père.
Cependant la grâce associée à la Parole de Jésus crucifié – au moment où, plus que jamais, Il est l’icône du Père – est victorieuse de tous nos conditionnements, de ce qui peut être blessé voire abîmé dans notre vie, dans notre cœur ou dans nos relations. Puisque « la Parole de notre Dieu subsiste à jamais » , nous sommes invités à regarder Marie, la Femme nouvelle qui nous est donnée, à partir de la Parole du Christ : « Voici ta Mère ! ». Ce don extraordinaire, nous ne pouvons l’accueillir que dans la foi, car les liens avec Marie sont ceux du sang du Christ. Ils ne sont donc pas sur le même plan que les liens avec notre mère selon la chair et le sang. Avec Marie, c’est tout d’abord un lien de foi, d’espérance et d’amour ; ce lien est théologal car il passe par le cœur transpercé de l’Agneau. Jésus nous la donne pour être notre mère dans la foi. C’est bien cette Parole du Christ qui engendre en nous un cœur d’enfant, une espérance de fils à l’égard de Marie. C’est aussi cette Parole de Jésus qui réalise en nous un amour filial à son égard. C’est une réalité divine, surnaturelle qui s’accomplit là et qui n’est aucunement déterminée par l’humain.
Le mystère de Marie, certes, est un mystère de surcroît. Sa maternité divine à notre égard ne peut se comprendre qu’à partir de l’amour surabondant de la Sainte Trinité. Elle ne s’impose pas, elle nous est offerte gratuitement pour nous former de l’intérieur à la vie de fils de Dieu afin que nous puissions vivre de façon contemplative et pleinement existentielle en fils du Père et en frères de Jésus.
En nous, l’accomplissement divin du Pater, avec tout ce que cette prière comporte, aurait bien pu être confié du haut de la Croix à cette « bonne terre » qu’est le cœur maternel et compatissant de Marie. Ne fut-elle pas parfaitement, tout au long de sa vie, la servante du Verbe en Lui permettant de s’épanouir pleinement en elle au travers de toute son humanité de Femme, de Mère et de Fille bien-aimée du Père ? Marie ne reçut-elle pas la grâce en son existence d’accomplir toutes les demandes de la Prière du Seigneur ? A tel point qu’elle fut reconnue par la Tradition comme le modèle de l’accueil de la Parole et l’orante par excellence qui, comme à Cana, intercède pour que notre union intime au Christ – scellée dans son sang – soit pleinement réalisée. « Et l’Éternel m’a dit : ‘’Tu as bien vu, car je veille à ce que ma parole s’accomplisse’’ » (Jr 1,12).
Ps. Article inspiré par le père PHILIPPE, M-D., « Femme, voici ton fils », in : L’étoile du matin, Le Sarment Fayard, 1989, pp. 105-116.
En commençant par la fin...
Mgr Antoine Bloom propose d’aborder la prière du Notre Père en commençant par la fin. Dans quel but une telle démarche ? Probablement non seulement pour quitter l’habitude et « profiter du paysage » en sens inverse, mais encore pour r...
Mgr Antoine Bloom propose d’aborder la prière du Notre Père en commençant par la fin. Dans quel but une telle démarche ? Probablement non seulement pour quitter l’habitude et « profiter du paysage » en sens inverse, mais encore pour ressaisir le fil de nos existences d’une manière plus réelle, plus réaliste. Grâce au parallélisme qu’il fait avec le livre de l’Exode – la sortie de l’esclavage vers la liberté et vers la Terre Promise au travers des épreuves du désert – cette prière devient un véritable cheminement spirituel qui suggère que toute notre vie est un « Vado ad Patrem » – « Je vais vers le Père » (Jn 14, 5). Délivre-nous du Mal. A l’instar du peuple retenu en esclavage durant quatre longs siècles, nous acquérons progressivement conscience de nos chaînes et nous supplions le Père de nous en délivrer. C’est avec le Christ que nous sommes ensevelis par le baptême dans sa mort et sa résurrection qui nous libèrent de la servitude de Satan. Ne nous laisse pas entrer en tentation. Durant la marche dans le désert, chez les Israélites la tentation de l’esclavage persiste, ainsi que l’envie de regagner les anciennes sécurités et donc la tentation de tourner le dos au Dieu Libérateur. La sortie d’Egypte n’a duré qu’une nuit, mais il faudra 40 ans pour faire sortir l’Egypte du cœur et de l’esprit des Hébreux. En effet, la vie chrétienne – si on la prend au sérieux – est un combat. Nous prions de ne pas céder à la tentation de revenir en arrière dans les esclavages dont Dieu nous a libérés. Le Christ victorieux de la mort, de la haine, de Satan nous fait participer à sa victoire. Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. En nous libérant de nos peurs, des ressentiments et des haines que l’esclavage a imprimés en nous, nous entrons progressivement dans la contrée de l’amour de Dieu où le pardon – reçu et donné – fait des nous des créatures nouvelles. Notre désir est de vivre de l’Esprit du Christ, selon les Béatitudes. Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour. Comme le peuple au désert, nous éprouvons la faim et la soif. La manne et l’eau vive soutiennent notre traversée. Le Christ se rend présent dans le Pain de vie et dans sa Parole. Il nous invite à nous secourir les uns les autres, dans le partage du pain. Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Au désert le peuple a reçu le don de la Loi traduisant pour lui la volonté de Dieu. Nous avons reçu la Loi de deux commandements qui, en réalité, n’en font qu’un grâce au mystère de l’incarnation du Verbe : le double commandement de l’amour de Dieu et du prochain. Par le Christ, qui nous appelle ses amis, Dieu nous a fait connaître sa volonté en la gravant au plus intime de notre être par son Esprit qui habite en nous et nous fortifie dans l’accomplissement de la volonté du Père. Que ton règne vienne. Nous entrons dans la Terre promise, dans le Royaume de l’amour inauguré par le Christ, ce roi crucifié. Il est à la fois « déjà là », au milieu de nous, et « pas encore », car nous attendons son accomplissement plénier. C’est en vivant de l’esprit des Béatitudes que nous en témoignons et hâtons sa venue définitive. Que ton Nom soit sanctifié. Au Mont Sinaï, Dieu a révélé à Moïse son nom : « JE SUIS ». Au seuil du Royaume, au Golgotha, il nous est révélé à travers le cœur ouvert de l’Agneau, ce Fils offert – dans l’Esprit qui rend témoignage – que « Dieu est Amour ». Ce Nom à sanctifier, c’est bien l’Amour trinitaire. Le sanctifier, c’est être toujours davantage la Royauté pour Dieu et pour l’Agneau, le rayonnement du Dieu Créateur et Sauveur. Notre Père qui es aux cieux. Nous avançons au sommet du Mont Sion , synonyme de Jérusalem, « cité de David » ; la ville réelle, mais aussi la ville eschatologique du bonheur parfait avec Dieu, la « Jérusalem céleste ». C’est là que nous entrons en communion plénière avec le Père en le contemplant dans un face à face. Dans le Fils, nous accédons au mystère de notre filiation en devenant fils et filles de Dieu qui crient dans l’Esprit du Fils : « Abba, Père ». Et dans le même mouvement nous entrons dans le mystère de la fraternité. Suivant l’ordre de la découverte ou du devenir, nous avons été plongés dans le mystère trinitaire et nous en goûtons des fruits savoureux. Forts de cette expérience que la prière du Fils, comme celle de l’Eglise et la nôtre, a réalisée en nous, nous pouvons à présent redescendre du Mont Sion pour aller sur les chemins de la vie à la rencontre de nos frères et sœurs. Ps. Antoine BLOOM (ou en anglais Anthony de Sourozh) est né en 1914 à Lausanne et mort le 4 août 2003. Il était le métropolite orthodoxe de Souroge (ou Sourozh). C’est une figure importante de l’Orthodoxie contemporaine. Il avait à charge le diocèse orthodoxe de Grande-Bretagne rattaché au patriarcat de Moscou et était pasteur et maître spirituel de l’Église orthodoxe russe (1914-2003). In : BLOOM, Antoine, La Prière du Seigneur, Prière vivante, éd. du Cerf, coll. « Foi vivante », 1972, n° 185, p. 23-51.
Le Pater au fil des demandes et à l’écoute des « mots » : une lecture sémiotique
Notre Père qui es aux cieux
L’appel direct au Père, l’adresse représente une originalité dans la tradition de la prière juive. Jésus, en effet, en exprime la quintessence. Ce n’est donc plus uniquement une demande adressée au Père ma...
Notre Père qui es aux cieux
L’appel direct au Père, l’adresse représente une originalité dans la tradition de la prière juive. Jésus, en effet, en exprime la quintessence. Ce n’est donc plus uniquement une demande adressée au Père mais demande de Père, demande qu’il y ait un Père. L’adresse est l’objet même de la prière avec ceci de particulier que, pour la prononcer en vérité, il faut préalablement avoir consenti à la qualité de fils symbolisée par le retrait dans la chambre close et par le secret. Là, il n’existe plus aucune représentation ni image du Père, mais c’est là que le Père, en tant que Source, se communique aux tout-petits selon leur soif, s’accommodant au goût de chacun tout en gardant sa transcendance, c’est-à-dire en demeurant le Tout-Autre, « aux cieux ».
Jésus harmonise donc à la fois la prière et le désir de celui qui prie, en le rendant capable de dire une parole de fils. On peut affirmer, à juste titre, que la prière présuppose l’existence de Celui qui est Père dans tout ce qu’Il est. Elle présuppose – de la part de celui qui prie – l’adhésion de foi à cette présence paternelle. Autrement, la prière n’a pas raison d’être. En revanche, si le Père est là, et qu’Il voit et entend dans le secret, alors je peux Lui ouvrir tout grand mon cœur de fils et présenter mes demandes.
L’évocation du Père enveloppée par une sorte de constellation des signifiants – le Nom, le Règne, la Volonté – permet d’insister sur le souhait que le Père soit Père, c’est-à-dire, qu’Il se manifeste comme tel en sanctifiant son Nom, en exerçant son Règne, en accomplissant sa Volonté. C’est bien le Père qui est visé par l’emploi du passif des verbes. S’il est possible de Lui adresser la prière de demande, c’est parce qu’Il est « nôtre », ce Père. C’est Lui, en effet, qui est garant de l’unicité de tout être humain et, dans le même temps, la Source d’où découle – au travers de la filiation – la fraternité.
Que ton Nom soit sanctifié
Le lien essentiel entre le Père et le Nom est souligné dans le fait que le Père, à cause de sa présumée absence, n’est identifiable que par son Nom.
« C’est dans le nom du père qu’il nous faut reconnaître le support de la fonction symbolique qui, dès l’orée des temps historiques, identifie sa personne à la figure de la loi ».
C’est bien au son du nom du père, évoqué par la mère comme référent symbolique, que l’enfant – fils ou fille en devenir – se laisse introduire dans le langage et la culture en s’ouvrant ainsi à la communauté des personnes qui communiquent par la parole. Le nom, de par son appartenance à l’ordre symbolique, se trouve à la jointure du langage et du sujet de la parole. Aussi le nom appartient-il au langage sans pour autant être un signe possédant une signification particulière puisque, précisément, son rôle est de désigner le sujet. Il est bien évident qu’un pur signifiant ne signifie rien ! C’est pourquoi le fait de l’interpeller extrait le sujet du tissu des signes communs, le retirant hors de toute représentation ou image qui risqueraient de produire une imitation du sujet et, ainsi, d’extirper son secret personnel. Par ce fait même, il n’autorise aucune identification de cet ordre.
Cela dit, la « sanctification » indiquerait alors la séparation du Nom de tous les noms communs. Autrement dit :
« Que ton Nom soit incomparable, admirable, unique ! » Qu’il ne soit jamais possible de le réduire à aucune image (idole) qui lui attribuerait un faux devoir, un destin erroné ou encore une implication faussement comprise dans le bonheur ou le malheur des hommes. Que ton Nom soit un Nom !
Que ton Règne vienne
C’est par son Règne que le Père vient à nous. Le règne n’évoque-t-il pas le gouvernement et, par là, l’exercice d’une parole qui fait loi et jugement, une parole qui inter-dit et cela toujours en faveur des hommes ? L’originalité de ce règne au travers duquel le Père se livre à nous, peut être induite à partir de ce qui est dit à propos de la parole et de la loi dans la première partie du Sermon sur la Montagne. Il s’agit, en effet, de la parole qui opère un discernement par oui ou non, la parole qui bouleverse les coutumes ainsi que les compromis sociaux, la parole qui assouplit la rigidité des lois au bénéfice de l’authenticité et de la beauté des relations humaines, enfin, la parole qui, incessamment, cherche l’interlocuteur et amène le sujet responsable à poser un choix libre. Si bien qu’on peut dire que le Règne survient déjà quand Jésus prend la parole : « et moi, je vous dis » signalant le sens qu’aura le Règne du Père.
Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel
Avec ce souhait nous assistons à la réalisation de l’alliance du ciel et de la terre, ou encore de la volonté divine et de la volonté humaine. De toute évidence, la volonté de Dieu reste la cause principale de l’accomplissement de son désir. C’est précisément ce désir divin qui suscite notre désir au point qu’il puisse, à son tour, s’en éprendre ; c’est-à-dire, qu’on entre dans un mouvement circulaire : désir du désir de l’autre. En d’autres termes, nous n’avons à solliciter que ce que Dieu veut, tout en sachant que ce que nous Lui demandons, Dieu le veut. La prière retourne donc à son point de départ quand, en obéissant au Seigneur, le disciple implore avec fermeté la réalisation du dessein divin, tout en se rendant lui-même disponible à l’accomplir, librement. C’est grâce à cet unisson des vouloirs qu’il permet au Père d’être Père pour lui et, en même temps, d’accéder plus profondément au mystère de sa propre filiation.
Notre pain ‘epiousion’ donne-le-nous aujourd’hui
L’emploi de l’adjectif epiousion – étant exceptionnel dans le Nouveau Testament – fut toujours un défi pour les exégètes. Origène et Jérôme, par exemple, le traduisent timidement par epi-ousia, super-substantiel. Tandis que les exégètes modernes suggèrent : le pain quotidien ou de ce jour, le pain pour notre subsistance, c’est-à-dire indispensable à la vie. Les sémioticiens, tels Jean Calloud et François Genuyt, se demandent « pourquoi ne pas maintenir sous le signifiant le foisonnement des significations qui en feraient un pain métaphorique ? » Il serait question non seulement du pain matériel, mais du pain dont la finalité est de faire vivre, de donner la vie dans tous les sens du terme, c’est-à-dire la nourriture nécessaire pour la vie de notre cœur et de notre intelligence tant du point de vue naturel que surnaturel de la grâce. « Fais-nous le don de la vie et rappelle-le-nous par le pain que tu nous donnes chaque jour », voilà comment ils proposent de paraphraser cette quatrième demande.
Remets-nous nos dettes comme nous aussi avons remis à nos débiteurs
Nous avons ici – disposées en parallèles mais espacées dans le temps – deux remises de dettes. L’adverbe « aussi » est là pour nous rappeler de façon opportune qu’entre l’agir divin et l’agir humain, il n’y a pas de commune mesure et que le second ne commande pas le premier. Selon le message de la parabole du serviteur impitoyable ce serait plutôt le contraire : c’est parce que nous sommes pardonnés que nous pouvons pardonner. Puisque nous avons fait l’expérience de la miséricorde à notre égard que nous pouvons en faire bénéficier les autres. En définitive, Dieu est celui qui nous précède toujours avec sa grâce.
Il est à noter, à la lecture attentive du texte et de son commentaire sémiotique, que la notion de dette signifie « remettre à l’autre tout ce qu’il nous doit ». Par conséquent, réduire la signification uniquement à celle du péché serait inévitablement en restreindre le sens. Précisons que c’est de la gratuité – avec au cœur le don et le pardon – dont il est question ici. La dette, en effet, renvoie à l’attribution des biens qui, dans ce cas, sont de l’ordre du don faisant référence au don fondamental de la vie symbolisée précédemment par le pain.
Le don perçu comme une dette semble simplement un prêt qui exige un remboursement. Mais le remboursement s’avère impossible ici car, au fond, nous sommes radicalement insolvables en face de Dieu. Ainsi, la dette apparaît comme ce que nous présumons devoir pour le don de la vie qui nous est fait. Une telle perception de notre relation à Dieu n’est-elle pas bien souvent à la source d’un comportement fébrile d’efficacité, de labeurs, de tâches et de renoncements que l’on s’oblige à faire pour se débarrasser de la dette à l’égard de la vie ? Certes, une telle attitude risque non seulement de nous entraîner dans le piège de la culpabilité mais encore d’effacer la demande antérieure du ‘’pain’’ et, plus globalement, celle qui regarde l’accomplissement de la Volonté du Père. Si le Père n’est pas là, car nous avons fait l’abstraction de son mystère, il nous est impossible d’être affranchis des dettes contractées qui, quoiqu’imaginaires, n’en étouffent pas moins notre existence. Si l’on empêche le Père d’exercer son rôle qui est de faire vivre les fils, nous serons toujours persuadés d’être redevables. En revanche, si le Père est là pour déployer à notre égard tout son mystère, alors il n’y pas de dette en face d’un Père, mais une adhésion filiale à sa volonté et le désir de l’honorer en l’accomplissant. Il n’y a pas de dette parce qu’un don offert gratuitement ne fait pas contracter de dette.
Regardons maintenant la seconde partie de la demande – la relation à nos propres « débiteurs ». Bien qu’il y ait ceux qui nous doivent quelque chose, jamais l’idée de les faire payer pour leur vie, pour le fait d’exister, n’a effleuré notre esprit. Cependant nous avons beaucoup de peine à laisser courir toutes sortes des dettes, car – même si le don de la vie nous a été fait d’une manière gratuite et, qu’au fond, dans la vie tout est grâce – il ne nous est pas connaturel d’exercer la gratuité à l’égard de nos semblables. Cette gratuité est d’autant plus difficile à mettre en pratique que nous sommes des êtres comme obsédés par la question des dettes et l’idée de les remettre à nos débiteurs peut donner l’inconfortable sentiment que la vie nous échappe. Cela arrive, inévitablement, quand on s’écarte du mystère du Père qui seul est à même de nous faire sortir de cette logique mortifère. Afin d’honorer le Père, Donateur de vie, nous sommes conviés – en échange du don de la vie reçue – à la communiquer dans toute sa diversité à d’autres. C’est ainsi que le Père sera honoré.
En définitive, par cette demande, Jésus ne veut-Il pas rectifier fondamentalement notre vision du Père en nous faisant sortir de la logique d’endettement ontologique et vital à son égard qui empoisonne aussi bien notre vie que celle des autres, nos débiteurs ? Ne veut-Il pas nous faire goûter au mystère de la gratuité divine pour en faire notre propre mystère qui saurait assainir bien des relations, et tout d’abord celle à l’égard du ‘Père à nous’ ? Ainsi notre générosité, notre dévouement à l’égard des autres n’auront plus ce caractère fébrile, imprégné de culpabilité mais auront la dimension du don – serein et pleinement libre – de toute notre personne. Un don d’une telle qualité n’emprisonne pas l’autre dans la dette, pas même celle de la reconnaissance, mais il l’incite à répondre librement en se donnant à son tour. « Si le Fils vous libère, vous serez vraiment libres ». L’amour ne peut être que libre. Un lien interpersonnel auquel le Père nous invite – pour être authentique – ne peut être vécu que dans la gratuité. Ce lien est bien celui de Fils vis-à-vis du Père : Il reçoit tout, tout son être de Fils, gratuitement, dans un mouvement d’engendrement par le Père et Il se donne tout entier au Père dans un mouvement de retour : « ad Patrem vado » (Jn 16, 10).
Ne nous laisse pas entrer en tentation Mais arrache-nous au Mauvais.
La dernière demande, chez Matthieu, est augmentée par une adjonction, de sorte que deux parties de phrase composent comme une double trajectoire en sens inverse, faire entrer par opposition à tirer à l’écart. Nous le savons bien : le risque de la tentation est toujours là . Nous quémandons donc au Père de ne pas nous y laisser entrer, sinon de nous arracher à l’emprise du Mauvais. Ce qui est énoncé ici, c’est bien la vision d’un affrontement avec l’Adversaire – Satan – l’accusateur, le Mal personnifié. Remarquons que si le Pater commence par l’invocation du Père, il finit par l’évocation du Malin qui symbolise, précisément, l’anti-père (Jn 8, 44). Quelle est donc la tentation à surmonter ? Ne consiste-t-elle pas à se tromper de père ? L’épisode des tentations de Jésus fait probablement mieux comprendre comment la paternité divine peut être mise à l’épreuve : « Si tu es le Fils de Dieu… » (Mt 4, 1-11). C’est en Le contemplant, Lui, le Fils sorti des entrailles paternelles, et donc « par Lui, avec Lui et en Lui » que nous nous exerçons à faire le choix du Père, le Véritable ; et c’est encore « par Lui… » que nous apprenons à déjouer les contrefaçons de Satan.
Par ailleurs, dans l’Apocalypse au chapitre 12,13-18, nous voyons la Femme, – poursuivie par le Dragon – s’enfuir au désert où Dieu lui a préparé une place. Les deux ailes du grand aigle qu’elle reçoit – comme le suggèrent certains commentateurs spirituels – ne pourraient-elles pas représenter le mystère de l’adoration et de la contemplation qui cache la créature dans « le secret de la face » du Père (Ps 31, 21), à l’abri des attaques du démon ? Nous savons que ces grâces d’adoration et de contemplation se déploient par le don de crainte et le don de sagesse, sous la mouvance de l’Esprit Saint. Quant à la terre venue au secours de la Femme, n’indiquerait-elle pas le réalisme du soutien fraternel dans la charité ? Tout cela semble indiquer les deux manières dont on peut invoquer le Père au début de la Prière du Seigneur : « Père » ou « Notre Père qui es aux cieux ».
Ps. Article inspirée par CALLOUD, J., GENUYT, F. L’Evangile de Matthieu (1), Lecture sémiotique des chapitres 1-10.
Le Notre Père comme une iconostase...
Le Notre Père est à l’image d’un sanctuaire, d’une église ou encore d’une iconostase qui comporte un baptistère à l’entrée pour nous rappeler que « Chemin, Vérité et Vie », le Christ, nous fait passer des ténèbres à la lum...
Le Notre Père est à l’image d’un sanctuaire, d’une église ou encore d’une iconostase qui comporte un baptistère à l’entrée pour nous rappeler que « Chemin, Vérité et Vie », le Christ, nous fait passer des ténèbres à la lumière du Royaume par le « passage » des eaux baptismales.
Délivrés du Mal, arrachés au pouvoir du Prince de ce monde, le Christ ressuscité nous conduit – enveloppés de sa miséricorde – au pain substantiel et quotidien de sa Parole et de l’Eucharistie.
Nous sommes-là, à l’entrée du chœur de l’édifice, où se trouvent l’ambon, l’autel et le prêtre, signes visibles de l’invisible présence du Christ – “Grand-prêtre miséricordieux et fidèle” qui nous met en communion avec le Père.
A gauche, à l’entrée du chœur, se tient Marie, « que ta volonté soit faite » ; en face d’elle Jean-Baptiste, « ne nous laisse pas entrer en tentation »….
Au-dessus du maître-autel l’icône de la Sainte Trinité, l’Esprit Saint à droite, pour le règne, au centre le Fils – la sanctification du nom, et à gauche le Père, source et fin de toute chose…..
Le Notre Père , peut donc se méditer, en partant de la délivrance du Mal à la louange de la Trinité ou de la Trinité à la délivrance du Mal…
Le baptême, tout comme l’exode – sortie de nos esclavages – nous met en route vers la Terre Promise… Et cette Terre Promise contemplée nous aide à demeurer dans l’espérance en fortifiant les pèlerins que nous sommes en chemin vers la maison du Père.